Il est tentant de lire les accords de Washington comme une simple séquence diplomatique de plus dans l’interminable crise des Grands Lacs. Ce serait une erreur d’analyse. Ce qui s’ouvre aujourd’hui pour la République démocratique du Congo relève d’un changement de nature : la paix n’est plus conçue comme une fin en soi, mais comme une condition opérationnelle de la transformation économique, sociale et institutionnelle du pays. Cette inflexion porte un nom : la vision stratégique du président Félix Tshisekedi.

L’accord de Washington n’a pas été pensé comme un compromis fragile, mais comme un cadre structurant. En consacrant Kinshasa comme acteur pivot, il a déplacé le centre de gravité régional et offert à la RDC un espace politique inédit pour agir sur le temps long
Ce cadre permet aujourd’hui au pouvoir congolais d’imposer un tempo : sécuriser sans surréagir, réformer sans attendre la paix parfaite, investir sans céder à la logique du provisoire. La méthode Tshisekedi consiste précisément à ne pas suspendre l’action publique aux aléas militaires, mais à avancer en parallèle sur les leviers essentiels de transformation.

 

La paix comme catalyseur des réformes

Le discours à la Nation du 8 décembre marque un tournant clair : la sécurité est pensée comme la colonne vertébrale d’un projet de développement, non comme un silo autonome.

Stabilisation macroéconomique, réforme de la gouvernance minière, discipline budgétaire, traçabilité des ressources, modernisation des infrastructures, relance agricole : ces chantiers n’ont pas été différés malgré la guerre. Ils ont été accélérés. L’inflation contenue, la stabilisation du franc congolais, la progression de l’accès à l’électricité, la baisse des prix des denrées de base ou encore l’extension de la protection sociale commencent à produire des effets tangibles dans la vie quotidienne. C’est là que réside la nouveauté stratégique : la paix n’est pas promise comme un horizon abstrait, elle est rendue crédible par des résultats économiques et sociaux visibles. Ce lien entre sécurité, réformes et amélioration concrète des conditions de vie constitue aujourd’hui l’un des principaux atouts politiques du président congolais.

La vision portée par Félix Tshisekedi repose sur une restauration méthodique de l’État, non par la centralisation autoritaire, mais par la cohérence stratégique. Sécurité intérieure, identification nationale, réforme policière, services publics de base, infrastructures rurales : l’État réapparaît dans les territoires, non comme une abstraction lointaine, mais comme un acteur concret Cette lisibilité nouvelle change le rapport des citoyens à l’action publique. Elle nourrit un début de confiance, fragile mais réel, dans la capacité des institutions à produire autre chose que de la gestion de crise permanente.

Ce changement de trajectoire explique aussi les résistances. Les États et réseaux prédateurs prospèrent sur le chaos, l’informel et l’ambiguïté. Une RDC qui stabilise, documente, réforme et investit devient mécaniquement un contre-modèle dangereux pour ces logiques
Soutenir les efforts de paix côté congolais n’est donc pas un geste moral : c’est un choix stratégique en faveur d’un État qui cherche à transformer son potentiel en prospérité partagée, plutôt qu’à survivre sous perfusion sécuritaire.

 

Un pays de demain qui s’affirme

Rien n’est achevé. Les fragilités demeurent, les violences persistent, les résultats restent inégaux. Mais un fait s’impose : la République démocratique du Congo est entrée dans une phase où la paix, les réformes et la stratégie ne sont plus disjointes. Elles forment un même mouvement.

Avec une population jeune, énergique, et un État qui commence à imposer un cap, la RDC n’est plus seulement un théâtre de crises. Elle s’affirme comme l’un des très grands pays de demain sur la scène internationale, à condition que la communauté internationale choisisse clairement de soutenir cette trajectoire plutôt que de tolérer ceux qui cherchent à l’enrayer

 

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