Dans cette tribune, Ferréol Delmas met en exergue le manque d’investissement dans le secteur de l’écologie pourtant stratégique pour notre souveraineté. Il appelle à repenser notre vision de la thématique environnementale en se fondant sur les grands enseignements du gaullisme : souveraineté du peuple, indépendance nationale et progrès technique.
Pas de France souveraine sans écologie
Dans notre pays, trois secteurs méritent une politique d’investissement permettant de relancer notre industrie, notre économie et l’emploi : Le secteur de La Défense, où la France a la légitimité d’une nation étant la seule en Europe à disposer d’une véritable armée et d’une base industrielle d’excellence. Les transports et leurs infrastructures, aujourd’hui largement portés par les collectivités mais parents pauvres d’un Etat régulièrement pointé du doigts sur l’absence de moyens sur les réseaux dont il a la charge. La France consacre moins de moyens publics aux transports que la moyenne de nos voisins européens.
Enfin, l’écologie, qui à la fois rassemble tous les bords politiques sur le constat de l’urgence climatique mais divise quant aux choix stratégiques à prendre. De ces trois secteurs, nous pouvons faire un pilier de la puissance française et de son redressement économique. Si dans notre famille politique le consensus existe sur les deux premiers points, il n’en est pas de même sur la transition écologique.
Pourtant, l’écologie peut être couplée avec les grands enseignements du gaullisme : souveraineté du peuple, indépendance nationale, progrès technique.
Le premier principe applicable est celui de la souveraineté populaire. L’ensemble des citoyens doit pouvoir choisir la politique écologique. Sous la Vème République, les référendums ont surtout porté sur le domaine institutionnel. Jamais un tel type de consultation n’a été posé sur le souhait des Français en matière environnementale. Face aux radicalités, il semble important de montrer que nos compatriotes sont attachés à une écologie responsable et à visage humain. Quid également des référendums locaux sur l’installation d’éoliennes ? « On est souverain ou on ne l’est pas, mais on ne l’est jamais à moitié » disait Philippe Séguin, dans un discours de 1992. Faire de l’écologie une arme de la souveraineté populaire doit donc être une priorité.
Le deuxième principe est celui de l’indépendance nationale. Dans ce cadre, il convient de conforter une politique écologique permettant à la France d’être maîtresse de sa stratégie en matière production d’énergie et de réduction de son impact environnemental. La perte de souveraineté énergétique de la France est en grande partie le fruit de notre forte dépendance aux sources d’énergies fossiles importées.
La question du nucléaire est évidemment centrale. La droite de gouvernement est la seule formation qui défend depuis toujours cette énergie la plus décarbonée au monde contrairement aux socialistes puis aux macronistes qui, en décidant de réduire de 75 % à 50 % la part du nucléaire dans la production d’électricité, sont responsables d’une perte de chance majeure pour notre pays.
Mais les erreurs des autres doivent aussi nous interroger. L’indépendance de la France, c’est le nucléaire, certes. D’autres types d’énergies, l’hydroélectrique, le solaire, l’éolien, la méthanisation, la géothermie, utilisés à bon escient, en respectant les territoires, contribuent à notre indépendance. Ce mix énergétique permet de produire de l’énergie en France en limitant l’importation du pétrole et du gaz qui déstabilisent notre balance commerciale et qui rendent notre nation vulnérable dans le domaine international.
La diversification de notre mix énergétique est aussi un pivot majeur de la reconquête industrielle française. Alors que la Chine pèse près 60% de la chaîne de valeur mondiale des technologies bas-carbone, nous devons investir dans l’avenir, dans le durable, pour produire notre propre énergie et rester une nation souveraine.
Développons les filières à partir de la richesse de notre sol. Dans la course au lithium et aux batteries, nous avons la chance dans l’Hexagone d’avoir de grandes réserves notamment dans les départements de l’Allier et de l’Hérault. Il est urgent d’investir massivement et stratégiquement pour à la fois accroître notre indépendance vis-à-vis du continent africain et de la Chine. Et recréer des emplois industriels et écologiques dans des territoires ruraux.
Enfin, le progrès technique, inhérent à l’action gaulliste, peut résoudre la crise sociale forte en mettant en exergue l’innovation écologique et la création d’emplois verts. Loin d’un mythe, il s’agit d’une réponse ferme aux adeptes de la décroissance. Selon un rapport de l’Organisation Internationale du Travail (OIT), ce sont 24 millions de nouveaux emplois qui seront créés d’ici 2030 dans le monde. La France doit être pionnière en la matière en investissant massivement dans les métiers liés à la gestion des ressources comme la production des énergies ou de l’eau, à l’agriculture en circuit-court, dans les entreprises nouvelles liées à l’écologie et au numérique mais bien sûr dans les métiers de la protection de la nature et du traitement des déchets.
Forte d’une vision et de principes directeurs, la France peut rester dans le concert des nations et répondre aux crises graves. Elle peut donner un cap, et faire de l’écologie un sujet pour tous, et aussi pour la droite.
Ferréol Delmas
Ferréol Delmas est le directeur général du think tank Écologie responsable et est ancien conseiller de la ministre du logement Valérie Létard (2024-2025). Il est chargé d’enseignement en histoire des idées politiques à l’Université Paris-Saclay et est membre du comité éditorial de La Nouvelle Revue Politique.
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