La progression de Sarah Knafo dans le dernier baromètre politique Verian pour Le Figaro Magazine constitue un fait politique à part entière, au-delà du simple indicateur conjoncturel. Avec une cote d’avenir désormais établie à 18 %, en hausse de trois points en un mois, l’eurodéputée de Reconquête signe la plus forte progression de l’ensemble des personnalités testées et intègre le top 12 national. Dans un paysage marqué par l’érosion ou la stagnation des figures dominantes, cette dynamique apparaît comme un signal faible devenu signal fort : celui de l’émergence d’une figure capable de capter une attente politique encore diffuse mais bien réelle.

Cette progression est d’autant plus significative qu’elle s’opère dans un contexte globalement défavorable aux responsables politiques les plus installés à droite. Marine Le Pen, Jordan Bardella, Marion Maréchal ou Éric Ciotti reculent, tandis que d’autres figures majeures stagnent. À l’inverse, Sarah Knafo se distingue comme l’une des rares personnalités à connaître une dynamique ascendante nette, rapide et transversale. En un an de présence politique réelle, elle dépasse des responsables de premier plan tels que Jean-Luc Mélenchon, Rachida Dati ou François Hollande, traduisant une reconfiguration silencieuse des hiérarchies symboliques dans l’opinion.

Un indicateur de fond plus qu’un simple effet médiatique

L’intérêt du baromètre Verian réside dans sa question centrale : le souhait de voir telle ou telle personnalité jouer un rôle important dans les mois et les années à venir. En ce sens, la progression de Sarah Knafo ne mesure pas seulement une notoriété, mais une projection. Elle indique une disposition de l’opinion à envisager son inscription durable dans le jeu politique. Cette lecture est renforcée par un autre indicateur, issu cette fois d’un sondage IFOP sur le souhait de candidature à l’élection présidentielle de 2027, dans lequel elle enregistre également la plus forte hausse de l’ensemble des personnalités testées, avec cinq points supplémentaires, atteignant là encore 18 %.

Ce double mouvement suggère que la popularité de Sarah Knafo ne relève pas uniquement d’un phénomène d’exposition ponctuelle, mais d’une cohérence perçue entre discours, posture et attentes sociales. Contrairement à d’autres figures plus clivantes ou usées, elle apparaît aux yeux d’une partie de l’opinion comme une actrice politique encore « disponible », non saturée symboliquement, capable d’incarner une ligne de fermeté sans excès de dramatisation.

Un phénomène médiatique inscrit dans la durée

Cette dynamique politique est indissociable d’une trajectoire médiatique singulière. Le passage de Sarah Knafo dans l’émission de Pascal Praud sur CNEWS, le 10 décembre, a constitué un moment de bascule. En franchissant le seuil du million de téléspectateurs, avec un pic à plus de 1,24 million, l’émission s’est imposée comme la plus suivie de sa tranche horaire, très loin devant l’ensemble de ses concurrentes. Cette performance ne saurait être réduite à un simple succès d’audience : elle participe d’un processus de légitimation par la visibilité.

Dans cet espace médiatique, Sarah Knafo déploie un discours structuré, centré sur les finances publiques, la souveraineté budgétaire et le rôle de l’État, notamment à travers une critique argumentée de l’audiovisuel public. En appelant à sa privatisation et en mettant en avant des comparaisons historiques et budgétaires, elle se distingue par une approche technico-politique qui tranche avec les registres plus émotionnels ou purement idéologiques. Cette capacité à articuler chiffres, exemples et diagnostic renforce son crédit auprès d’un public en quête de rationalité politique.

Le succès rencontré sur CNEWS s’inscrit dans une série. Dès le mois de septembre, Sarah Knafo avait déjà battu un record d’audience dans La Grande ITW de Sonia Mabrouk, dépassant les 630 000 téléspectateurs, un niveau inédit pour ce format. À cela s’ajoute une présence numérique massive, avec des dizaines de millions de vues cumulées sur les réseaux sociaux, confirmant sa capacité à toucher des publics plus jeunes, souvent éloignés des canaux politiques traditionnels.

Cette combinaison entre médias traditionnels et plateformes numériques constitue l’un des ressorts majeurs de sa montée en puissance. Elle lui permet d’échapper à l’enfermement partisan tout en imposant ses thèmes dans le débat public, sans dépendre exclusivement des structures classiques de légitimation politique.

Vers une recomposition des figures de la droite nationale

Enfin, la progression de Sarah Knafo interroge la structuration même de la droite nationale. Longtemps perçue comme une conseillère ou une figure secondaire aux côtés d’Éric Zemmour, elle s’impose désormais comme une actrice politique autonome, dotée de sa propre crédibilité. Son positionnement, souvent jugé moins clivant, plus technique et plus posé, lui permet d’élargir le spectre de réception de son discours.

À bien des égards, sa trajectoire rappelle celle de figures devenues centrales après avoir été longtemps reléguées au second plan, à l’image de Jordan Bardella au Rassemblement national. Mais à la différence de ce dernier, Sarah Knafo s’inscrit davantage dans une logique de compétence et de rationalisation du discours souverainiste. Sa progression dans le baromètre Verian ne constitue donc pas seulement une performance individuelle : elle révèle l’émergence d’un nouveau type de leadership politique, fondé moins sur la rupture spectaculaire que sur l’accumulation patiente de crédibilité.

Dans cette perspective, la « dynamique Knafo » apparaît comme l’un des faits politiques les plus structurants de la séquence actuelle. Elle ne dit pas seulement quelque chose d’une personnalité, mais beaucoup de l’état du système politique français, de ses fatigues, et des attentes nouvelles qui cherchent encore leur incarnation.

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